17 - Melrakkarslétta



Vendredi 28 juillet

Cela fait 4 jours que nous sommes à Myvatn. L'envie de pédaler est doucement revenue dans nos jambes et nos têtes.

Donc, ce matin, nous quittons avec nostalgie mais sans regrets notre petit balcon avec vue sur le lac*, la confortable cuisine et son grille-pain...

* ... Vue bouchée hier soir par un camper-van venu se mettre à deux mètres de nous, alors que le camping est quasi-vide... On n'a toujours pas compris pourquoi les campeurs s'agglutinent ainsi. Peut-être pour se tenir chaud, comme les moutons ?

Nous prenons la route 1 vers Egilsstaðir. Dans cette partie du pays, la circulation est plus supportable. Et de toute façon il n'y a pas d'autre route. Quant au bus... On a donné !

D'abord, petit détour (20 km quand même...) par le site du volcan Krafla.

Tandis que je monte tranquillement la belle route en pente douce, sur une petite aire de stationnement je vois... une douche chaude qui coule en permanence. Et dans la petite rivière à coté, l'eau est tiède. 

Krafla ne dort que d'un oeil...

Avant d'arriver au volcan proprement dit, on traverse le site d'une usine géothermique, ce qui explique la douche et la rivière tiède. Je vous en reparlerai après. 

Après le site de l'usine, la montée devient si raide que nous préférons laisser nos vélos sur le bas-côté et continuer à pied. Et pendant ce temps les camping-cars de 3 tonnes grimpent, moteur hurlant à fond de première, jusqu'au parking final...


28/07/2023 - Le petit cratère Viti du volcan Krafla

Le volcan Krafla a lui aussi son petit cratère Víti, comme son grand frère Askja. Il est facilement accessible depuis le parking. Pour ceux qui sont montés avec leur aquarium à roulettes, à peine le temps de sentir le froid...

Le plus impressionnant, à mon avis, n'est pas le volcan mais l'immense installation géothermique en contrebas : 45 forages entre 1500 et 2000 mètres de profondeur captent l'eau bouillante, réchauffée par la proximité du magma. 

D'ailleurs, il y a ici un projet de forage profond - jusqu'à 5000 mètres - pour capter de l'eau en condition supercritique (si quelqu'un sait ce que ça veut dire...). Mais ça a raté : à 2096 mètres, le trépan a percé une poche de magma. Oups !

Le principe de la centrale est simple : c'est une turbine à vapeur, sauf qu'au lieu de faire bouillir l'eau avec du charbon, on va la chercher directement dans le sol.

Et tiens, au fait : ici pas de lagon bleu, pas de bain chaud... C'est que la vapeur une fois repassée en phase liquide est presque toute réinjectée dans le sol, avec les gaz dissous et les matières qu'elle contient. Ça explique peut-être pourquoi en contrebas on ne trouve qu'une pomme de douche et une petite rivière, qui ne sent même pas le soufre.

Puissance électrique : 56 MW. Si je ne me trompe pas, c'est l'équivalent d'une trentaine d'éoliennes.

Si je vous raconte tout ça, c'est parce qu'en retraversant le site de l'usine, on a déniché un petit visitor's center qui donne les explications. 

Bon. En vrai on l'a pas fait exprès. On cherchait un coin à l'abri pour pique-niquer. Et il y avait du café gratuit. Si en plus c'est instructif, alors...

Et dire que tout ça sera probablement mis en vrac à la prochaine éruption... Mais c'est un autre sujet.

Puis nous sommes redescendus et avons repris la route 1... Paysage de désert, presque plat, quelques moutons, des champs de lave, peu de circulation. Les jambes tournent, l'esprit s'évade...


Le bâtiment qui fume est le refroidisseur

Une tête de forage


Ces cairns marquent l'ancienne route, utilisée par les postiers à l'époque où l'Islande était danoise

Camping sauvage... payant !

Ce soir, nous faisons étape à Grimmstaðir, à l'écart de la route 1.

Le camping est un champ boueux à peine nivelé, une baraque avec un robinet d'eau froide à l'extérieur et un WC sans papier... pour 2000 couronnes (13 euros). Nouveau concept : le camping presque sauvage... payant !

C'est pas cher, mais c'est encore trop cher ! Et en plus, personne n'est venu chercher l'argent. Le lendemain matin on a coincé un billet de 1000 sur l'évier, et on est parti.

Le " camping " est presque vide (et pour cause...). Juste un autre cycliste et un mini-van. On fait la connaissance de Clément, élève ingénieur Arts-et-Métiers à Angers, qui fait le tour de l'Islande en gravel bike. On l'a invité à prendre un café " à la maison ". Il nous a raconté qu'il est resté bloqué 2 jours à Egilsstaðir, à cause du... verglas ! C'est vers là que nous allons. ça promet !

28/07/2023 - Ferme vue du camping de Grimmstaðir

Dettifoss

Samedi 29 juillet

Nous revenons un peu sur nos pas (15 km) pour prendre la route 862, qui s'en va vers le nord en passant par Dettifoss, une des chutes d'eau les plus puissantes du pays.

On s'attend à une concentration de touristes digne du Mont-Saint-Michel, et en fait non. L'endroit est conçu pour que les gens n'y restent pas plus que le temps nécessaire : pas de visitor's center, pas de magasin de souvenirs, pas de restaurant... Juste un parking et des toilettes (sèches).

C'est un coté agréable du tourisme islandais : l'accès aux sites naturels n'est pas payant. On ne dépense son argent que si on veut (ou quand on peut...). Ne changez rien !

Pas de béton, quelques passerelles... l'aménagement est simple et respecte la beauté des lieux. Et la chute d'eau est vraiment impressionnante. Les embruns sont visibles à plusieurs kilomètres. Et à proximité, tenue imperméable de rigueur.

Les géologues disent que la rivière Jökulsá á Fjöllum (c'est son nom) a creusé ce gigantesque canyon en quelques jours, lors d'une puissante éruption sous-glacière dans le Vatnajökull. Un tsunami terrestre...Mais c'était il y a très longtemps.

Nous reprenons la route 862 vers le nord, gênés par le vent, qui se charge bientôt d'un épais crachin. C'est la première fois que nous sommes vraiment mouillés.

Et enfin arrive, comme une récompense, la longue et douce descente vers la côte nord du pays, ouverte sur l'océan Arctique. Le crachin a cessé, l'horizon se dégage, les taches de soleil courent sur les flancs des montagnes. Elles sont de plus en plus larges. Promesse d'une belle soirée...

Et en effet, belle lumière et joli camping à Asbyrgi, dans un canyon comme celui de Dettifoss, mais à sec, et en forme de fer-à-cheval. La légende dit que c'est l'empreinte du cheval d'Odin, qui avait 8 pattes.






Canyon d'Asbyrgi

Leçon de météo islandaise

Dimanche 30

C'est le week-end. D'habitude, les islandais débarquent au camping jusqu'à minuit et le matin on se retrouve au milieu d'un village.  Mais là, non. " Notre " champ était aussi vide ce matin que la veille. 

On a eu l'explication un peu plus tard : les islandais en vacances suivent le beau temps. Et jusqu'à présent, dans le nord, Eh ben comme disait Michel Galabru dans bienvenue chez les ch'tis : " C'est le nôôôrd "...

Leçon de météo islandaise : 

Si on est dépassé par des voitures avec caravane pliante ou des 4x4 à gros pneus avec cannes à pêche sur le capot, c'est qu'on va vers le beau temps. Si on les croise, c'est pas bon signe (on en reparlera) ...

Mais où sont les touristes ?

Au fond du canyon d'Asbyrgi, nous discutons avec un chauffeur de car qui attend son groupe d'israéliens, partis se dégourdir les jambes. C'est la formule " l'Islande en 15 jours / 14 nuits ". Il nous explique que le tourisme a explosé avec la fin de l'épidémie. Sa compagnie avait 60 autocars avant le COVID, elle en a 96 maintenant... Il en est à son 9ème tour de l'île depuis le début de l'année. Certaines étapes font 600 km. Un spot le matin, un autre l'après-midi, et après on file à l'hôtel. Et on remet ça le lendemain. Y'a de quoi péter un câble (et pas que pour le chauffeur)... Il prend ça avec philosophie, et beaucoup d'humour.

Et pour ceux qui sont en voiture de location, c'est pareil : le matin à Akureyri, le soir dans les fjords de l'ouest (groupe de polonais rencontré à Systragil). Ou encore : tour d'Islande en 9 jours (groupe d'italiens - 16 dans 4 voitures - rencontrés sur la N1). 

Ou encore ce groupe de français vus dans le sud : 3 couples, 3 camping-cars... 9 tonnes (minimum) déplacées tous les jours, pour 6 personnes...

Quel est vraiment le sens de tout ça ?

Finalement, ces touristes-là on ne les voit pas beaucoup : ils passent plus de temps dans le car ou en voiture que sur le terrain. Chacun son truc...

Du coup, la pression touristique ne se ressent que sur la route 1 - la route circulaire - et dans les principaux spots. Et encore, ce sont presque toujours des sites naturels et la foule n'y est jamais dense.

Et comme on essaie le plus possible de rester à l'écart, " Notre " Islande à nous est vaste et garde son authenticité...

Tiens, justement...

Merci le Guide du Routard !

Nous avons décidé d'aller pédaler dans l'extrême nord du pays.

C'est un coin d'Islande que le Guide du Routard, bible de tous les voyageurs français, n'a pas jugé utile de décrire. Parce qu'il n'y a rien " à voir, à faire. "

Conséquence : il n'y a pas de français, et très peu de touristes. À part les égarés comme nous qui trouvent que c'est beau même quand il n'y a rien...

Et de toute façon, il n'y a jamais rien... Il y a toujours quelque chose à regarder ou à ressentir : un paysage, une lumière, le vent, la vibration de la route, cette maison seule sur son promontoire, l'odeur de l'usine de poisson, les bécassines qui volent devant nous, les linaigrettes dans les prés humides, ...

Donc, merci Le Routard, ne changez rien ! Merci d'avoir laissé ce petit coin à l'écart de vos À voir, à faire, où manger, où dormir, où boire un verre...


30/07/2023 - Coucher de soleil - Kopasker

Rien à visiter, tout à regarder

Après Asbyrgi, nous prenons la route 85, très tranquille, puis la 870, encore plus tranquille (plus y'a de chiffres, plus c'est tranquille).

En ce moment, les champs sont parsemés de gros chamallows blancs. C'est la période de l'ensilage d'herbe : pendant que les moutons broutent ce qu'ils trouvent dans les montagnes, on fauche les champs autour des fermes et on comprime l'herbe dans des gros ballots de plastique. Ainsi compactée, l'herbe reste fraîche. Les moutons la mangeront pendant le prochain hiver, voire celui d'après.

Nous arrivons à Kópasker. C'est un petit port de pêche sur la baie Öxafjördur, avec son usine de transformation de poisson, ses maisons basses bien proprettes, fraîchement bardées de tôles, sa petite église peinte en blanc, sa supérette-café-restaurant-où-on-trouve-de-tout... Et son camping !

Le camping, c'est un petit pré fraîchement tondu, au milieu des maisons. Dans une petite guérite peinte en vert, on trouve douche chaude, évier, WC, prise de courant pour le téléphone, et la tirelire pour mettre les sous. Et comme les gens qui viennent ici recherchent la même chose que nous, ça nous va très bien.

C'est un camping...

On ne le sait pas encore, mais on va retrouver exactement la même configuration et la même ambiance dans tous les villages que nous allons traverser.

Mettre les voyageurs au milieu des habitants... Quelle bonne idée ! 

J'y vois comme un message : Voyageurs, vous êtes les bienvenus parmi nous. Notre village est comme il est : beau, moche aussi, et surtout vivant... Nous ne l'avons pas maquillé pour vous. Regardez, observez, respirez, et n'oubliez pas : Vous êtes de passage et nous vivons là toute l'année.




La plaine du renard polaire

Lundi 31 juillet

La plaine du renard polaire : c'est la traduction littérale du toponyme Melrakkarslétta. (Mais nous n'en n'avons pas vu.)

Après Kòpasker, c'est malbik endar : la fin de la route asphaltée. La 870 devient piste. Elle fait le tour de la presqu'île Melrakkarslétta, la partie la plus au nord de l'Islande. On touche ici au cercle polaire. Mais pour le soleil de minuit, c'est trop tard. Les jours raccourcissent déjà.


31/05/2023 - Sur la route 85, après Kopasker

La piste n'est pas " durcie " comme le sont certaines routes secondaires. Tôle ondulée, graviers, cailloux... pas si facile ! Rouletabille glisse comme sur du verglas. Il faut rester concentré pour ne pas chuter. Cela nous rappelle la F26, en plus plat heureusement.

Le paysage est austère. Quelques rares moutons, quelques fermes où maisons d'été, des lacs innombrables, des champs de lave... Beaucoup d'oiseaux, aussi. Les sternes arctiques nous surveillent mais ne nous agressent plus ; les jeunes ont maintenant  pris leur envol, sans doute.

Parfois, le vent qui vient du large sent le soufre. Ces odeurs nous rappellent que nous sommes toujours sur la faille volcanique, qui se prolonge dans l'océan...

Il y a du bois flotté éparpillé un peu partout. On en retrouve même de l'autre coté de la route. Ça doit souffler fort par ici quand il y a tempête... 

D'où viennent ces innombrables troncs d'arbres blanchis par la mer ? Des grumes perdus par un bateau ? Des arbres venus des rivières du Québec ? Des bois mexicains charriés par le Gulf Stream ? On peut tout imaginer.

Nous quittons la 870 pour faire un crochet par Rauðinúpur, un bout du monde sur une presqu'île qui est déjà un bout du monde...

Et au bout du bout du bout de ce monde, un rocher dans la mer, couvert d'oiseaux... Une colonie de fous de bassan, quelques macareux aussi, très discrets, et des cormorans.

Une brume de mer persistante noie le paysage. Nous restons un moment, hors du temps, à regarder les oiseaux. Ambiance...

Vive le camping sauvage !

Le tour de Melrakkarslétta jusqu'au prochain village - y compris le crochet que nous venons de faire - totalise 70 km. C'est faisable dans la journée mais rien ne presse. Alors nous décidons de bivouaquer ce soir et de garder les 20 derniers kilomètres pour demain matin.

Trouver un endroit pour poser la tente est devenu un jeu... Au cours de ce voyage, nous avons appris à regarder les occasions de bivouaquer non plus comme un dernier recours, mais comme un plaisir recherché... Et s'il fallait choisir, entre un champ couvert de camping-cars et de 4x4, bruissant de touristes sans-gêne, et un petit coin discret au milieu de nulle part, je crois que nous choisirions la seconde option... Et tant pis pour la douche !

Mais dans ce paysage tout plat et venté, trouver un coin adapté n'est pas si simple... Je pédale au ralenti, je cherche, j'observe... Là, au fond de cette faille en contrebas de la piste ? Pourquoi pas. Béatrice arrive et valide le choix. Nous descendons les bagages puis les vélos, et recherchons minutieusement dans ce fond couvert de myrtilles les quelques mètres carrés à peu près plat dont nous avons besoin.

La " maison " est bien vite installée, tant le protocole est rôdé. Ce soir, ici c'est chez nous. Cette ancienne faille volcanique nous appartient !

Au dessus de nous, les rares voitures qui passent ne nous remarquent pas. Puis plus aucune voiture ne passe. Nuit tranquille, quoique bien fraîche, en compagnie des oies sauvages...




Le rocher des fous de bassan




Attention traversée d'eider !

Maison d'été, presqu'île Melrakkarslétta



L'extrême nord du pays

Nicolas et Pimprenelle, naufragés sur un bois flotté. 

Poulet trop cuit

Mardi 1er août.

Ce matin, nous n'avons que 25 km à faire avant d'arriver à Raufarhöfn, de l'autre coté de la presqu'île. La brume de mer nous enveloppe d'un froid humide plutôt désagréable. Heureusement, le vent toujours orienté au nord, daigne nous pousser un peu. C'est la première fois depuis que nous avons quitté le sud du pays.

Raufarhöfn est le village le plus septentrional de l'Islande. À partir de maintenant, nous sommes donc sur la route du retour...

L'avantage d'avoir coupé cette traversée de la péninsule en deux parties inégales, c'est que le deuxième jour on arrive très tôt au camping. Ça veut dire qu'on peut se reposer tout l'après-midi.

Et justement, à coté du mini-camping il y a une piscine. Enfin plus exactement c'est une salle omnisports avec appareils de musculation, salle de gym, sauna, et donc piscine. (Et je précise qu'on est dans un village de moins de 200 habitants... comment font-ils ?)

Et qui dit piscine en Islande dit hot tub - petit baquet d'eau chaude ! Bien entendu, c'est ça qui nous intéresse ! Pour la natation on verra plus tard... Ou pas.

Dans l'eau à 40°, on barbotte et on discute avec nos voisins de baquet - des islandais de Reykjavik. Et pendant ce temps, on ramollit, on cuit à petit feu. Au bout d'une heure (ou deux ? je ne sais plus...) Il faut se décider à sortir. 

Et là, rien ne va plus. J'ai la tête qui tourne, la vue qui se rétrécit, les oreilles qui bourdonnent... Je me connais : je sais qu'un malaise vagal est en vue. Les jambes en coton, je chancelle jusqu'au vestiaire, prend une petite douche puis titube jusqu'à un banc... 

... Et quand je me réveille, je suis allongé par terre, avec une éraflure et une belle bosse au front. Évidemment, je ne me souviens de rien.

Béatrice s'inquiète, mais elle n'ose pas venir me chercher. C'est le vestiaire des hommes et vous connaissez la coutume des piscines islandaises... Elle m'appelle, je réponds. Mais je dois encore attendre un bon moment, avachi sur le banc, avant de tenter une sortie...

L'air frais me revigore. Je passe le reste de l'après-midi sous la tente, à somnoler et à suer à grosses gouttes.

Leçon apprise : le hot tub c'est sympa mais pas trop longtemps, surtout pour les rafistolés du cœur comme moi...

Blackport...

Mercredi 2 août


02/08/2023 - Þórshöfn - Eglise catholique

Nous " redescendons " maintenant vers le sud-est, cette fois franchement poussés par le vent. Les paysages sont toujours aussi immenses, et la route aussi déserte. On voit à des dizaines de kilomètres, dans cette atmosphère redevenue limpide. 

Mais la température est toujours aussi glaciale, 4° ce matin. Disons qu'il fait assez bon pour un mois de janvier...

Vent d'est 13 m/s = 48 km/h. Rafales à 60. On est content de l'avoir dans le dos !

Aujourd'hui étape à Þórshöfn, autre port de pêche sur le même modèle que Köpasker et Raufarhöfn, mais en plus grand, avec un petit port de commerce en plus. 

Pour avoir une bonne idée de l'ambiance, regardez la série " Blackport " sur Arte... On en n'est pas très loin...

Nuit au calme dans le petit camping quasi-désert, avec en fond sonore les bruits métalliques des containers en cours de chargement sur un petit cargo de la Smyril Line.









Jeudi 3 août


03/08/2023 - Bakkafjördur - Bâtiment de transformation du poisson

À la sortie de Þórshöfn, la route 85 grimpe directement dans la pente. Un bon 10-12% à froid le matin... Heureusement la rampe est courte et la surface de terre durcie vaut presque un macadam. Ça passe tout juste, mais ça passe.

Ensuite, nous aurons une succession de creux et de bosses, surplombant la baie, avec de l'autre coté, déjà visible, notre étape de ce soir... 

Paysage immense et froid glacial malgré le soleil qui tente de s'imposer. Le pédalage à effort constant ou presque nous maintient en température... tout va bien. Rien à penser. Juste ressentir le bonheur et la chance d'être là, maintenant...

La route est belle malgré le temps gris. Le soleil perce au loin sur les falaises, mais ne vient pas jusqu'à nous. Les montées se font douces grâce au vent arrière... Et les descentes s'enroulent à des vitesses inavouables.

À 10 kilomètres du but, je suis dépassé par un convoi de 3 caravanes pliantes, un gros camping car et un 4x4 avec cannes à pêche (vous vous souvenez ? la météo islandaise...). Ils vont dans le même sens que nous : c'est bon signe !

Hélas, pas longtemps après je les vois tous revenir... Aïe, ça cache quelque chose. Camping fermé ? Ou privatisé ? (Ça nous est arrivé il y à 4 ans)

De toute façon, plus le choix. Il faut aller voir.

Nous arrivons à Bakkafjördur et nous comprenons : le camping (dûment situé au milieu du village et muni de sa guérite verte) est en plein vent... Et en plus les sanitaires - pour une fois - ne sont guère propres.

On regarde, on cherche... Il y a bien des palissades mais le vent les contourne. 

Il n'est que midi. Même pas une supérette ou prendre un café et rester au chaud. ça veut dire qu'on va se geler jusqu'à l'heure du coucher... Pas glop.

Mais juste au dessus, il y a une " guest house ". On entre. Personne. On appelle au numéro indiqué. Le propriétaire nous répond sorry, fully booked - désolé, tout est réservé.

Et là, surprise, je vois une sorte de hangar un peu plus bas qui semble être un petit restaurant. Des motos sont garées devant, donc c'est ouvert ! On va manger au chaud. C'est déjà ça.

Pendant que nos hamburgers cuisent, Béatrice raconte au " patron " notre déception à propos de la guest house. Il nous dit : bougez pas, je vais vous arranger ça. Il appelle, parlemente un peu... et nous avons une chambre !

Celui que j'ai appelé " le patron " est en fait un employé polonais. Il travaille à l'usine de poisson et s'occupe - un peu, pas trop - de la guest house et du restaurant... et presque pas du camping, d'après l'état des sanitaires...

La jeune femme qui fait la cuisine est polonaise aussi. On comprend vite qu'en fait c'est elle qui gère tout pendant que le patron - le vrai - est à Reykjavik avec femme et enfants : Quand elle a fini au restaurant, elle courre faire les chambres à la guest house, et vice-versa. 

En tout cas, à eux deux ils ont tout arrangé : ce soir nous dormons au chaud et demain petit-déjeuner self-service. Pour 80€. Presque un prix français.

Et en plus, le vent est tombé. Soirée magnifique. Le matin au mois de janvier, le soir au mois d'avril...

La guest house de Bakkafjördur : une ancienne salle omnisports...

Remplacement de l'isolation et du bardage


Le camping de Bakkafjördur





Vendredi 4 août


Rivière en quittant Bakkafjördur


Nous roulons vers Vopnafjördur, dans un décor de plus en plus montagnard. La baie au fond de laquelle se trouve le village que nous visons apparaît bientôt, majestueuse, sur fond de sommets encore enneigés.

Voilà bientôt la descente finale. Poussé par le vent de nord-ouest, je me laisse aller sur cette route bien lisse. J'enchaîne les virages, j'enroule les faux plats avec l'élan. Rouletabille est parfaitement stable. Grisantes sensations motardes...

Vopnafjördur est un joli village, niché au fond de sa baie. Pause déjeuner à l'accueillante supérette, avec coin-salon et café gratuit.

04/08/2023 - Séraphine sur la route 85

Encore 15 km pour arriver Ásbrandsstaðir, où nous poserons la tente ce soir.

Ásbrandsstaðir est un petit camping à la ferme, comme on les aime. Nous discutons un bon moment avec la fille des propriétaires, très bavarde. Elle étudie la musique à Akureyri, et veut être organiste, rien que ça !

Demain, nous reprenons la route. On serait bien resté un peu plus longtemps, mais nous voulons profiter d'une " fenêtre météo ".







Camping d'Ásbrandsstaðir

Récap

  • vendredi 28 juillet - 59 km - Myvatn - Grimsstaðir
  • samedi 29 juillet - 77 km - Grimsstaðir - Asbyrgi
  • dimanche 30 juillet - 43 km - Asbyrgi - Köpasker
  • lundi 31 juillet - 47 km - Köpasker - ???
  • mardi 01 août - 23 km - ??? - Raufarhöfn
  • mercredi 02 août - 70 km - Raufarhöfn - Þórshöfn
  • jeudi 03 août - 48 km - Þórshöfn - Bakkafjördur
  • vendredi 04 août - 41 km - Bakkafjördur - Vopnafjördur

Commentaires

  1. Hello les amis,
    Entre hiver et printemps, l'aventure continue, belle et sauvage et on ne s'en lasse pas (ce n'est pas nous qui pédalons, nous direz-vous...).
    Par contre si l'occasion se représente, je ne suis pas contre une remorque de bois flottés propices à de futurs peintures sulfureuses.
    Jacques

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  2. Toujours le même plaisir de vous lire .0n partage notre crachin breton aujourd'hui avec vous, on vous envoie un peu de chaleur relative 20°...
    Bon pédalage et faite nous rêver encore et encore .des bises breizh.

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  3. Coucou les amis !
    Cet environnement me paraît tellement étrange que j'ai l'impression qu'il est sorti tout droit d'un roman-fiction ! (Je serais curieuse de savoir comment se prononce phonétiquement le nom du Camping d'Ásbrandsstaðir ou de la rivière Jökulsá á Fjöllum !)

    La Bretagne est toute verte en ce moment, les pluies ont fait un bien fou au paysage, beaucoup de plantes refleurissent. On prépare des confitures mûres. L'année dernière tout avait grillé (du moins dans notre village)
    Je vous envoie toutes mes pensées les plus positives et encourageantes pour terminer cet exploit passionnant et instructif ! Grâce à vous j'ai découvert un endroit de la planète que je ne soupçonnais même pas. Merci beaucoup pour toutes ces précisions et les partages de vos impressions vécues en direct !
    Bonne continuation !
    Tantiglou

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  4. Merci 👍😊👍 Bonne rentrée vers le Sud. Amitiés, Jón et Nicole

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  5. Un petit bonjour du Canada, plus exactement de Chicoutimi le long de la rivière Saguenay …. C’est pas cette année que l’on se croisera ….
    Merci de nous partager votre carnet de voyage. Paul & Sylvie

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