Mercredi 30 août
Le voyage en avion est déconcertant : tout s'enchaîne, on change de pays comme on traverse une rue, pas le temps de prendre conscience...
Nous sommes de retour à Kilwinning, chez Margaret. Comme les fois précédentes, nous sommes accueillis comme des enfants qui reviennent au pays. Le B&B n'est pas seulement son business, c'est sa vie. Margaret est formidable. Une belle rencontre... Et dire qu'en arrivant ici il y a presque 2 mois, nous avions choisi Nethermains house presque au hasard. Magie du voyage qui fait les choses s'arranger si bien, toujours...
Demain nous entamons le dernier chapitre : rentrer chez nous en traversant l'Angleterre... ou le pays de Galles... ou peut-être un dernier petit saut par l'Irlande... Et revenir en France par Saint-Malo, ou Cherbourg, ou Le Havre... On ne sait pas encore. Ça dépendra de la météo, de l'envie, des rencontres...
Plusieurs itinéraires possibles : Soit longer la côte ouest du pays de Galles puis prendre un ferry vers Rosslare (Irlande) et un second ferry vers Cherbourg ou Le Havre, soit tracer directement à travers la campagne anglaise jusqu'à Poole, puis prendre le ferry vers Saint-Malo.
Pour l'instant, le choix reste ouvert...
Jeudi 31 août
Ah, le bonheur de pédaler à nouveau, confortablement assis, avec autour de nous juste ce que nous croyons nécessaire, sans rien d'autre à penser que : où on va, qu'est-ce qu'on mange et où on dort ce soir...
Savourer chaque jour ce qui vient,
Sans tracas, lâcher prise, et flâner.
Des projets ? Oui mais que pour demain.
Être heureux c'est aussi s'arrêter.
Après Irvine, la véloroute 73 est une ancienne voie ferrée ombragée, qui traverse une jolie campagne bocagère. Des arbres, du gazon anglais, vert presque fluo sous le soleil en contre-jour... Normandie version british.
Soleil intermittent sur la peau et petit vent dans le dos, nous pédalons sans effort sur cette piste douce. L'air autour de nous semble immobile. Pour la première fois depuis l'Irlande, on a ressorti le short ! Que vouloir de plus ?
Pet culture
Le matin, dans les parcs des quartiers résidentiels, c'est la promenade des toutous. Une institution. Pour jouer à la baballe, les maîtres ont des trucs en plastique, comme des grandes louches, pour lancer plus loin. Le chien se fatigue un peu plus, le maître un peu moins, tout le monde est content...
On voit même souvent des gens qui promènent trois ou quatre chiens à la fois. Je suppose que ce sont des promeneurs professionnels, des nounous pour toutous ?
En tout cas, la cohabitation inter-toutous fonctionne bien : pas d'aboiements, pas de grognements. Le savoir-vivre anglais jusqu'au bout de la laisse...
Et pour finir - last but not least, ici on ramasse les crottes. Abandonner derrière soi un étron canin est très mal vu.
" Encore un propriétaire paresseux qui a laissé son cerveau dans un sac à crotte "
Après Kilmarnock, finie la Greenway : nous quittons la si belle voie ferrée pour des routes de campagne. On retrouve ces profils ondulants et casse-pattes dont les britanniques ont le secret... Mais c'est ça ou la grande route (A76), qu'il n'est d'ailleurs pas toujours possible d'éviter.
Ce soir, pour reprendre sereinement nos routines nomades, petit camping à la ferme, sommaire et relativement cher, mais à l’écart et quasi désert... Juste comme on aime !
Vendredi 1er septembre
Pour éviter l'intense circulation de la route A76, nous décidons de faire un bout en train jusqu'à Carlisle, la ville la plus au sud du réseau ferré écossais (Mais la ville elle-même est déjà en Angleterre)
J'en profite pour le dire : les trains écossais sont un vrai bonheur. Le réseau est dense, les trains nombreux et ponctuels, et les contrôleurs ne font pas la tête quand ils voient nos vélos chargés. Au contraire, ils nous aident si la marche est haute ! (Bien sûr on évite les heures de pointe)
Après Carlisle, nous devions aller directement vers le parc national Lake District. Finalement nous décidons de filer vers l'ouest, dans l'espoir de découvrir quelques vestiges du mur d'Hadrien, construit par les romains en 122 pour marquer la frontière de l'empire.
La véloroute 72 est censée suivre le tracé du mur, mais de vestiges romains nous n'aurons vu que le pictogramme qui orne les poteaux indicateurs. Une autre fois, peut-être...
Mais pas de regrets. On se régale de ces paysages anglais si reconnaissables : campagne verdoyante, jardins qui semblent broussailleux mais où rien n'est laissé au hasard, cottages un peu défraîchis, avec leur bow window garni de babioles plus ou moins kitsch...
Nous arrivons maintenant dans une sorte de polder, au pied d'une digue. C'est tout plat, le paysage est aéré. Les vaches se baladent paisiblement sur la route. Les rares voitures passent au ralenti. Un petit air de Hollande...
La côte s'oriente vers le sud et c'est maintenant l'ambiance station balnéaire à l'anglaise : vieux hôtels aux façades écaillées, manèges, casinos et machines à sous, fish and chips...
Pour se loger, à part les hôtels, c'est principalement caravan parks et holiday parks,
Les hôtels, on garde ça pour quand il fait mauvais. Nous savons que les caravan parks ne sont généralement pas accessibles aux campeurs itinérants comme nous, et les holidays parks, c'est pas notre truc...
Mais il va bien falloir s'arrêter. Nous dénichons un petit camping qui à l'air tout simple... Manque de pot, c'est l'annexe d'un gigantesque holiday park situé à un kilomètre : 47 euros ! C'est le même prix annexe ou pas annexe. Record islandais battu. Évidemment, il y a l'accès à la piscine, les jeux, les manèges, le bar, le restaurant, la plage, etc... mais nous on veut juste une douche et dormir ! Bon, c'était propre et très calme, heureusement.
Samedi 2 septembre
On roule encore un peu le long de la côte, tandis que les montagnes du Lake District se profilent au loin.
À Maryport, nous mettons résolument le cap vers les montagnes. Dès la sortie de la ville, ça grimpe fort. La route attaque directement la pente par paliers successifs, où l'on peut heureusement reprendre son souffle.
Un premier col est passé, nous arrivons à Cockermouth. Petite halte ensoleillée au bord de la rivière, parmi les toutous en promenade. Ils ne font pas pipi sur nos sacoches, comme on l'a vu ailleurs. Les chiens anglais sont bien dressés. Je pourrais même dire : bien élevés !
La traversée de la ville - pourtant pas bien grande - est compliquée : les urbanistes ont cru bien faire en traçant des bouts de pistes cyclables, éparpillés au petit bonheur dans la ville et les jardins publics. Le résultat est pitoyable : contournements illogiques, chicanes infranchissables, traversées non protégées sur des rues passagères, feux décalés ou les vélos passent en dernier (et en se dépêchant, s'il vous plait...). Heureusement les automobilistes sont compatissants.
Nous arrivons tant bien que mal sur les hauteurs de la ville, sur un petit bout de Greenway bien plate et ombragée. Enfin un peu de douceur ! Mais ce n'est pas notre direction et nous n'en profitons pas longtemps.
Nous enquillons une petite route qui grimpe rudement sur le flan d'une vallée. À gauche et à droite, les vieilles falaises érodées émergent des massifs de fougères qui ont déjà pris les couleurs de l'automne.
Et toujours ce petit ruban de mauvais goudron, impitoyable pour nos cuisses encore un peu endormies après notre trêve de deux semaines.
Bientôt, le bitume disparaît. Puis le chemin devient sentier, et le relief s'aplanit enfin. Un bridleway (passage public à travers les champs) nous mène jusqu'au col. Nous sommes à 230 mètres d'altitude, mais l'ambiance est celle des hauts pâturages alpins. On pourrait rajouter un zéro aux chiffres de l'altitude. Comme si une main géante et obstinée avait enfoncé la montagne dans le sol, ne laissant émerger que le haut des crêtes.
Derrière le col, c'est la descente vers le lac Bassenthwaite. La piste plonge presque tout droit vers les eaux noires du lac. C'est bien trop raide et caillouteux pour nos vélos malhabiles et finement chaussés. À VTT ce serait un vrai bonheur. Drôle d'idée d'y faire passer une véloroute... Avantage : on est vite en bas.
Encore quelques kilomètres au fond de la vallée (mais pas plats pour autant...) et nous arrivons au Lanefoot farm camping.
Un camping à la ferme ? Chouette... c'est ce qu'on préfère. Oui, mais c'est le dernier weekend des vacances et on n'est pas tout seuls... Camping cher (30 euros), très grand et sous-équipé... Donc beaucoup trop cher ! C'est un camping dans une ferme mais pas un camping à la ferme.
Il faut se faire une raison : la région est touristique et attire beaucoup de randonneurs, et les campings ne sont pas si nombreux. Donc ici aussi, quand on exploite une ferme mieux vaut laisser de coté les quadrupèdes poilus et consacrer un champ ou deux aux bipèdes bronzés. Ça fait moins de travail et ça rapporte plus !
Banc-souvenir...
Dimanche 3 septembre
Le temps est de plus en plus estival. Bonne pioche pour les derniers vacanciers anglais qui ont pu s'offrir un dernier bol d'air et de soleil avant de retourner dans le brouhaha étourdissant des grandes métropoles.
Et, soit dit en passant, nous ne rencontrons aucun touriste étranger. Pas de français, pas d'italiens ni d'espagnols. Seulement quelques très rares allemands ou hollandais. Soit ils sont déjà rentrés, soit ils ne viennent pas ici : Lake District c'est... la promenade des anglais !
Nous traversons la petite ville de Keswick. Joli mélange de station de montagne et de station balnéaire surannée, avec ses vieux cottages et leurs jardins impeccables. C'est dimanche et la ville est animée. Les randonneurs font le plein de provisions. Pour nous, petite pause café dans un square ombragé. Pause café... Disons plutôt un second petit-déjeuner !
Il est déjà 11 heures. Faudrait p'têt rouler un peu ce matin, quand même !
Pour sortir de Keswick, c'est le même sketch qu'à Cockermouth : des cheminements cyclables tortueux, des rampes impossibles, des passages illisibles, des sorties dangereuses. Les urbanistes qui ont tracé ça ne font pas de vélo. Mieux vaut oublier.
Et pour changer, ça grimpe toujours aussi fort.
La petite route est étroite et assez encombrée, car elle conduit à un lieu de visite : Castlerigg stone circle, un monument mégalithique. Nous nous faufilons, à la limite de la perte d'équilibre. On nous regarde pousser laborieusement sur nos pédales...
Fierté d'être venus jusque là à la seule force de nos jambes, et aussi impression de ne pas être à notre place...
Tandis que nous allons voir le cercle de pierre, Rouletabille et Séraphine, soigneusement garés, attirent les regards. Décidément, la prochaine fois on prévoiera un chapeau !
Après Castlerigg, il n'y a plus personne ou presque. Tout le monde fait demi-tour. La route, encore plus étroite, nous appartient. Encore quelques cassures, puis les pentes se font plus douces. J'arrive même à passer quelques bosses sur l'élan.
Nous descendons dans une jolie vallée, jolie comme son nom : Saint-John-in-the-Vale - qui nous conduit jusqu'au grand lac Thirlmere. La véloroute qui le longe par le coté ouest est hélas fermée à la circulation : instable rockface (falaise instable), dit la pancarte. On n'insiste pas.
Du coup, nous revoilà sur une grande route... Pas marrant, mais au moins on avance.
A Grasmere, nous bifurquons sur une route beaucoup plus tranquille. Et pour cause, à la sortie du village un joli cadeau nous attend : des rampes à 25% !
Impossible de pédaler, évidemment. Nous poussons Rouletabille en haut, puis nous redescendons chercher Séraphine. 1h30 pour faire 5 km...
Au moins ce soir, ce sera un vrai camping à la ferme : un robinet d'eau froide à l'extérieur pour toute salle de bain, et deux toilettes... Mais dans un cadre tellement fantastique qu'on pardonne tout !
Le terrain est entouré d'arbres, surplombé par les falaises toutes proches. Derrière un petit monticule, un petit lac paisible (Loughrigg Tarn). C'est le coup de cœur. On décide de rester deux jours. Ne serait-ce que pour se reposer. Et en plus il fait de plus en plus chaud.
Pause café du matin à Keswick
Castlerigg stone circle
Cadeau !!!
Loughrigg tarn
Camping à la ferme !
Nuit romantique...
Lundi 4 septembre
Journée " molle "... Mais jolie randonnée quand même sur un sommet tout proche, d'où nous avons quelques vues sur les différents lacs qui nous entourent (Loughrigg fell).
Mardi 5 septembre
Au programme aujourd'hui, la traversée du lac Windermere du nord au sud en bateau. 17 km de long... Et autant de km à vélo en moins.
Sur les conseils du fermier du camping d'hier, on change un peu le plan : on va finalement pédaler le long du lac sur la première moitié et prendre le bateau ensuite.
Le conseil était bon, la route est jolie. Elle dessert de belles propriétés qui surplombent le lac. Mais ce n'était pas un conseil de cycliste : les rampes à 10-15% se succèdent. Les cuisses brûlent à chaque relance. Au bout de 10km, mon GPS annonce 500 mètres de dénivelé. Je veux bien le croire...
Leçon : ce n'est pas parce qu'une route longe un lac que c'est tout plat...
Nous prenons le bateau à Bownes. 1h d'attente plus 45 minutes de traversée, pour s'avancer de 10 km. On n'a pas fait une très bonne affaire...
Heureusement on s'est rattrapés après : une fois sortis des montagnes (belle descente...) on a pris un train pour traverser Morecambe Bay sans en faire le tour : 5 minutes de train pour 25 km de vélo évités !
Fin de la journée : 800 mètres de dénivelé pour 45 km. Ouf.
Ce soir, camping pour nous tout seuls. Il est fermé mais les propriétaires nous ont spontanément acceptés. Le terrain est une ancienne carrière qui surplombe Morecambe Bay. Joli point de vue, soirée ensoleillée...
Camping de Scar Close : c'est chez nous !
Morecambe bay
Windermere
Hello, et c'est reparti !!! Bravo ... Paul
RépondreSupprimer👍👍👍🤗 bises islandaises
RépondreSupprimer