01 - Ah le plaisir immobile !

Passer le Stabilo sur les cartes étalées
Forums, Google et Openrunner consulter

Préparer mais pas trop, laisser faire l'imprévu
Je dessine un trajet à grands traits continus

Et dessus j'imagine nos vélos tout petits
Vu d'en haut avancer sur l'écran de l'ordi

Le casse-tête : Choisir quoi emporter, quoi laisser
Etaler tout par terre, réfléchir, décider

Et quand tout est ficelé, corriger ce qui cloche
Hésiter, recommencer encore, pas fastoche !

Ecarter, rajouter, pinailler, emballer
Enfin minutieusement les vélos soupeser

Préparer un voyage :
le plaisir immobile !

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L'an dernier, je vous présentais notre " petit diable ", le petit être malicieux qui remplit nos sacoches avant de partir (parfois même au dernier moment)...  J'ai l'air de lui faire porter le chapeau, mais en fait on l'adore. C'est notre petit compagnon. Grâce à lui, le voyage commence bien avant le départ. 

Partir, ça commence par ouvrir les portes de la grande armoire où sont remisées les affaires de voyage. ça sent un peu le renfermé, et pourtant c'est déjà comme une bouffée d'air frais. tout y est, stocké, propre, remis en état, depuis l'an dernier : popote et réchaud, duvets, matelas, tente, sacoches, ustensiles divers, outils et j'en passe. On sort tout, on déplie, on étale, on contemple, on fait l'inventaire... Ça ne nous avance pas à grand chose, mais qu'est-ce que ça fait du bien ! Petits moments suspendus, hors du temps... entre deux obligations de la vie quotidienne.

Balayer d'un revers de la main tout ce qu'il y a sur la table, faire place nette pour y étaler les cartes, et rêver. Vous sentez la métaphore ?

Imaginer nos petits vélos parcourir ces traits noirs, blancs ou jaunes (pas les rouges : trop de circulation !). Tracer une route, recommencer, peaufiner, évaluer, additionner les kilomètres. Çà ne sert pas à grand chose puisque de toute façon chaque jour décidera du lendemain. Mais çà permet de voir où on met les pieds roues, et estimer le temps nécessaire. Il faut prévoir, mais pas trop.

Manon Verger, cyclo-voyageuse insouciante, dit " l'imprévu c'est pour ceux qui prévoient ". Elle a raison, mais tout est question de dosage. Nous on a besoin de prévoir un peu pour se projeter, pour démarrer la machine à rêver, s'imaginer sur la route. Quelques grands traits avec beaucoup de zones blanches, c'est parfait.

Partir, mais où ?

La décision n'a pas été facile : nous étions partagés entre le regret de n'avoir pas été au bout de notre rêve l'an dernier, et l'envie de s'affranchir totalement des dates imposées par les nécessaires réservations à l'avance.

On avait d'abord pensé à l'Espagne. Rien à voir me direz-vous. Ce qui nous séduisait dans cette idée, c'était de rester 100% sur la terre ferme : pas de bateau, pas d'avion, pas de réservation... donc liberté totale sur les dates et les trajets... Mais partir en mai et revenir en septembre, ça veut dire traverser l'Espagne en plein été. Pas la meilleure période. 

Et puis, toujours au fond du coeur, l'envie de retourner où nous n'étions pas allés l'an dernier. Un petit regret qui devenait encombrant... 

Un soir de début janvier – nous étions au repos après les fêtes de fin d'année, quelque part en baie de Saint-Brieuc – blottis dans le canapé on allume la télé. Et devinez sur quoi on tombe ? Un reportage sur la région du lac Myvatn, en Islande, précisément là où nous voulions aller l'an dernier. Ce fut le déclic, ou un signe du destin. C'était décidé : Ce sera l'Islande. On garde l'Espagne pour une autre fois.

Nous n'avions toutefois pas envie de refaire le même voyage que l'an dernier. Quels autres itinéraires possibles ? un regard sur la carte. On peut passer par l'Irlande... ou l'Angleterre et l'Ecosse ? Décision numéro 2 : Ce sera l'Irlande à l'aller et l'Angleterre au retour.

Seulement voilà : Il n'existe pas de traversée maritime vers l'Islande ailleurs que depuis le Danemark. Nous avons donc choisi de rejoindre Glasgow, où l'on trouve des vols direct pour Keflavik.

Quels vélos ?

Là aussi, après beaucoup d'hésitations – décision numéro 3 – nous avons décidé de faire confiance à Séraphine et Rouletabille. Ah le plaisir de s'asseoir sur un siège pour pédaler comme dans un fauteuil ! On est prêt à en payer le prix. Et ça ne manquera pas d'arriver, quand nous serons sur les routes British avec leurs pourcentages de folies, ou les pistes sablonneuses des hautes terres Islandaises...

D'autant que Séraphine s'est refait une beauté : Pour rendre les changements de vitesses plus pratiques tout en conservant des développements très courts, nous l'avons équipée d'une transmission dans le moyeu. 14 " vraies " vitesses, qu'on peut changer à l'arrêt, avec une seule commande. Merci à Philippe, de Vélofasto.

On a aussi revu la bagagerie : nous avons remplacé les sacoches " traditionnelles " par des sortes de grosses bananes bien mûres... et étanches, c'est important !

Autres trouvailles de dernière minute : une sacoche de trottinette, en guise de boîte à gants, et aussi un porte sac-à-dos à l'arrière pour Séraphine, plus pratique que le système à élastiques de l'an dernier.

Et la tente aussi : depuis quelques temps elle prend l'eau par les coutures et par le fond. Et puis la fermeture éclair n'est plus très fiable. Décision numéro 4 : on la change. Presque 200 nuits, j'ai calculé. Elle est plus que largement amortie. La nouvelle est plus légère, plus pratique et aussi grande. vive le progrès !

T'as pensé à fermer le gaz ?

Quitter sa maison pour une longue période, cela demande de l'organisation. Le prix à payer pour voyager tranquilles. Ça aussi, ça fait partie de la préparation : à qui donner les clés ? qui va s'occuper de tondre la pelouse ? faut-il tailler la haie avant de partir ? et le courrier ? (y'en a de moins en moins, mais bon...), et vider le frigo ? quoi faire des légumes qui restent ? et le congélateur ? et que faire des quelques petites choses précieuses qui nous restent ? et les déclarations d'impôts ? etc... etc... 

Et tout ça en quelques jours, puisque les semaines précédentes nous étions fort occupés à faire ce que nous ne ferons pas dans les prochains mois : voir des amis, s'occuper de nos petits-enfants, de nos parents, arbitrer les compétitions de trial, etc...

On est mercredi soir, 17 mai. Tout est bouclé. Demain on est partis...

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